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FRANK WRIGHT Quartet / Center Of The World / CD FRANK WRIGHT Quartet / Last Polka in Nancy ? / CD
Cadence Magazine - Vol.25, n°11 - November 1999 (USA) Two revelatory glimpses into earlier times when so-called
energy music was still in its relative infancy. These discs offer undeniable
evidence of the Reverend Frank Wright's rightful place in the pantheon
of early free Jazz forefathers. These new reissues go a long way to filling
the gaping hole that is his currently available 70's discography. Wright's
stylistic connections to Ayler are well established but in many ways his
is an even darker and sacrosanct music. Working under the group moniker
of "Center Of The World", Wright is joined on both discs by
a capable company of associates. In addition to Wright, its a pleasure
to hear both Alan Silva and Bobby Few in their younger years, the latter
long before his fruitful association with Steve Lacy. Muhammad Ali is
somewhat of a bombastic drummer with questionable skill on the quieter
regions of his kit, but fortunately his coarse attack usually fits well
with the music. Improjazz - n°59 - Octobre 1999 (France) J'ai enfin la réponse à la question
: "Mais comment se fait-il que deux telles pièces musicales
naient encore jamais été rééditées
?". Car ces deux chefs-d'oeuvre avaient réellement révolutionné
la musique, free, jazz, free-jazz ou toute étiquette à coller
irrémédiablement dessus, à l'époque. C'est
à dire 1972 et 1973. Non seulement la musique, mais aussi la forme
de distribution de celle-ci, à savoir que le prix maximum à
payer pour leur acquisition était imprimé directement sur
la pochette, elle-même sommaire. 16,90 F. Il est vrai aussi qu'habitant
à l'époque à nancy, le titre du second volume était
attirant et attractif. Et le pauvre étudiant que j'étais,
cela permettait d'acquérir non seulement deux galettes pas chères
mais aussi de remplir le frigo du copain avec qui on partageait l'appartement
rue de Metz. 1973, soit deux ans avant l'épique journée
qui avait présenté sur scène le Brotherhood of Breath
l'après-midi et le Centipede le soir... Parce qu'à l'époque,
le Nancy Jazz Pulsations se déroulait tous les deux ans. Il est
amusant de comparer ces disques avec ce que j'écoutais juste avant,
un trio composé de trois Man/n : Brötz, Berg et Borg... Nous
reviendrons sur le pianiste (Borah), mais à 23 ans d'écart,
la filière est intéressante : même fougue, même
génération aussi, toute l'école black-free-libertaire
/ revendicative contenue dans un discours libératoire, dans une
délivrance sans retenue, à limage de quatre hommes
qui bénéficaient dun acceuil sur le sol français
comme il nen existe plus aujourdhui, hors des tracasseries
paperassières et procédurières. Elles existaient,
mais le jeu consistait à passer au travers, et tout cela semblait
facile. Insouciance. Contestation. Loi Debré sur l'armée.
C'était l'après 68, sûrement pas pour eux, car leur
préoccupation se situait à un autre niveau, mais l'évolution
des moeurs avait autorisé la libre prise de position, sur scène
comme dans la vie, musicale et politique, et ceux-là ne sen
privaient pas ! (Avaient-ils besoin d'autorisation ?). Ils avaient pour
nom : Frank Wright, Muhammad Ali, Bobby Few, Alan Silva. Ces deux disques
sont absolument indispensables dans toute collection digne de ce nom,
et même pour les non-collectionneurs. Ils font tout simplement partie
de l'histoire du free-jazz. ps : Je reviens sur ce que je disais plus
haut : à la fin du concert nancéen, une annonce est faite
pour la vente de disques : 15 francs pièce! Il en faut un tout
petit peu plus aujourd'hui, plus de 25 ans après. Mais cest
largement justifié. Jazz Magazine - n°497 - Octobre 1999 (France) Cotation : DISQUES D'EMOI. Rage, passion, cri, énergie... Les clameurs
se sont tues ? D'abord, le shouter-honker Frank Wright est parti,
peut-être pour aller hurler d'autres enfers, d'autres paradis. Le
centre du monde étant un magma en permanence incandescence, en
fusion, ces courants de lave sont-ils figés, solidifiés,
par la réédition ? ou devenus des terres fertiles sur quoi
se multiplient et diversifient tentatives et tentations libertaires aujourd'hui
? Reste ces fragments (augmentés dŽinédits plus tardifs),
ces prises en différents moments d'un chant-flux jailli sur fond
d'exacerbation, ou le paroxysme comme degré zéro. Et quand
quatre-vingts secondes d'un hommage à Thelonious Monk (à
Nancy) viennent calmer le jeu ou quand une caricature de polka transforme
le quartette en troupe d'acrobates sur une piste de cirque, sans parler
des amples bouffées lyriques (entre Coltrane et Ayler), on s'étonne
encore des sévérités et réticences qu'à
susciter cette musique d'une vraie et rare gaieté, pas moins contagieuse
aujourd'hui. Jazz Hot - n°556 - Décembre 1999 / Janvier 2000 (France) Cotation : INDISPENSABLE. Les vieux compères Frank Wright (ts, bcl),
Bobby Few (p), Alan Silva (b) et Muhammad Ali (dm) ont en commun d'avoir
tous joué avec Albert Ayler dont ils font perdurer l'esprit . Tous
sont passés par le gospel ou le blues, et tous sont d'un lyrisme
à fendre l'âme. En 1970, ils fondèrent ce Center
Of The World dont Fractal réédite ces purs joyaux enregistrés
en 72 et 73 (plus un bonus de 78). Cette musique est toujours aussi neuve,
décapante et enthousiasmante et remet à leur place les pseudos
joueurs de free d'aujourdŽhui qui ne s'expriment que par les bruits et
les cris sans avoir rien à exprimer. Ces quatre musiciens, qui
jouent ensemble depuis au moins trente ans, sont des fous de musique qui
se livrent à fond avec une énergie vitale, comme si la survie
du monde en dépendait. Ce qui n'exclut ni l'humour, ni la sérénité,
ni le simple plaisir dŽun jazz des racines. Je conseille aux jeunes bassistes
d'écouter Alan Silva, ils sauront ce qu'il faut faire pour galvaniser
un groupe. Ali foisonne dans son drumming étrange qui emporte les
musiciens. Et Frank Wright est le digne fils spirituel d'Albert Ayler,
mais en plus coléreux, en plus violent, mais pas moins lyrique.
On l'aura compris, ces deux disques sont indispensables pour connaître
la musique du XXe siècle. Revue & Corrigée - n°42 - Décembre 1999 (France) Outre le fait d'être, traduit en français, le nom de la boutique fluxus (et lieu de débats) que Ben a (ré)ouverte à Nice, Center of The World fût avant tout un des quartettes majeurs du free 70's. Une formation qui, à l'instar des quartette et quintette historiques de Coltrane et Miles, ne connût aucun changement de personnel bien que toutes les combinaisons possibles furent essayées et explorées, du solo en passant par les duos et trios. Frank Wright est, malheureusement encore aujourdŽhui, une figure quelque peu oubliée du free qui a commençé par jouer du rythm'n'blues à Cleveland, racines dont on retrouve des traces sur le gospelisant "Two Birds With One Stone" offert en bonus churchy du concert nancéen et enregistré live à Detmold en 1978 - l'amateur connait probablement déjà la version enregistrée en 77 par le Révérend avec le trio de Georges Arvanitas sur Shouting the Blues. Mais ce sont les plaintes écorchées d'Albert Ayler et Coltrane, la puissance dévastatrice de leurs cris, qui marquent définitivement le jeu de Wright. Débarqué à Paris en 1969 après deux sessions ESP (Trio et Your Prayer), Frank Wright réalise avec Noah Howard quelques disques cultes dont Uhuru Na Umoja (America) et One for John (BYG) avant de former début 70 un collectif, Center Of The World, qui regroupe Bobby Few (pianiste entendu sur le miraculeux Blue Note The In Between de Booker Ervin), Alan Silva (bassiste qui venait de jouer avec Cecil Taylor et animait le Celestrial Communication Orchestra) et Muhammad Ali, batteur alors peu prisé (si ce n'est, épisodiquement, chez Shepp) et pourtant aussi original que Sunny Murray voire Milford Graves et dont Philippe Carles a fort justement dit quŽil était "un ferailleur peu discret rompant avec les normes du bon goût en vigueur chez les grands rythmiciens, poussant à son comble lŽégarement de la batterie dans le bruitage". Les concerts de Center Of The World à Rotterdam
et Nancy sont complétés de remarquables inédits fidèles
à l'esprit du groupe. A l'époque, les polémiques
allaient bon train. André Francis, célèbre critique
de jazz, avertissait que les "jeunes inadaptés qui prenaient
ces sauvageries pour de l'art utilement progressiste se trompaient et
se forgeaient un faux avenir" ajoutant quŽil n'y avait là
que "sonorités aigres, ardues, sales, autant dire laides et
insupportables". Reproches qu'il aurait tout aussi bien pu adresser
à Ayler ! Sincèrement, j'offrirais volontiers un bon paquet
de disques contre ces deux-là ! Heureusement, DDT veillait au grain
dans Charlie Hebdo. Et Philippe Carles ne se privait pas de noter que
"c'est parmi les amateurs (connaisseurs, spécialistes, etc.)
de musique afro-américaine que les critères bourgeois de
bon goût, bon ton et compagnie, montrent le mieux à quel
point ils ont la peau dure" ce qui, force est de le constater, n'a
pas beaucoup changé. Alors c'est vrai Monsieur Francis, ici le
saxophoniste gueule dans ses binious à s'en faire péter
les poumons, le pianiste et bassiste prennent leurs instruments à
bras le corps, inventent de nouvelles formes dans l'urgence de l'instant
et mélangent avec un rare bonheur les stridences de l'archet aux
pizzicati étranges et autres cordes frappées servis par
un apocalyptique martèlement. La musique jouée (et dont
les héritiers sont aujourd'hui Charles Gayle, Sabir Mateen, Paul
Flaherty, Assif Tsahar) bouscule les idées reçues. Insolente,
elle dérange. Bouleversante, elle sait aussi se taire. Jusqu'aux
larmes comme sur le fameux "Doing the Polka". Et incandescente.
Incantatoire. Gaie. Enjouée. Festive. Libertaire. Exigeante. Sans
concession... Tout simplement belle. The Wire - n°192 - February 2000 (UK) Wright is supported by bassist Alan Silva, pianist
Bobby Few and drummer Muhammad Ali, all sidemen capable of chasing and
sometimes even outpacing his ever accelerating squeals. In this company,
Wright developed a style more lyrical than Arthur Doyle yet every bit
as ferocious. Of these two reissue, 1972's Center Of The World is the
high-energy apex, with Bobby FewŽs delicately tumbling piano transporting
Wright's bluesy wailing to regions of non-stop organic flux, where the
music scales peak after peak. But 1973's Last Polka in Nancy ? is more
satisfyingly diverse and challenging, allowing the soloists more space
to spread out and develop some of their most beautiful, melancholic pieces.
Both CDs carry bonus tracks from 1978, which showcase some inspired gospel
riffing on Albert Ayler-like marching band motifs. |